mardi 7 février 2012

Etroite Surveillance (Stakeout)

Film de John Badham (1987), avec Richard Dreyfuss, Emilio Estevez, Madeleine Stowe, Aidan Quinn, Forest Whitaker, etc...

Le nom de John Badham ne sera peut-être pas très parlant pour les spectateurs actuels, comme pas mal de bons artisans hélas un peu oubliés par Hollywood. Badham, c’est tout un pan du cinéma d’action des années 80, avec des œuvres aussi diverses que Tonnerre de Feu (Blue Thunder) ou War Games. Chacun de ses films ne prétend pas réinventer l’histoire du cinéma, c’est certainement moins personnel que du Spielberg, mais aussi moins tape à l’œil que du Michael Bay. Bref, c’est du cinoche dans le meilleur sens du terme, avec des intrigues béton et une mise en scène solide.

Stakeout représente la première incursion de Badham dans le domaine de la comédie, et on peut dire qu’il s’agit d’une belle réussite. Le scénario est simple, pour ne pas dire basique : deux flics, Chris (Richard Dreyfuss) et Bill (Emilio Estevez), sont chargés de surveiller le domicile de Maria (Madeleine Stowe), une jeune femme dont le petit ami est un détenu en cavale. Et bien évidemment, Chris va tomber amoureux de celle qu’il surveille, avec tout ce que cela suppose de quiproquos et de situations savoureuses.




Si l’histoire peut paraître convenue, Badham n’est pas dupe et la traite sans une once de prétention et avec une décontraction formidable. Il y a eu, de toute évidence, une excellente alchimie entre les différents acteurs et cela se ressent à chaque image, que ce soit dans les rapports des policiers entre eux ou avec leurs collègues. Le duo principal, en particulier, fonctionne remarquablement bien. Richard Dreyfuss en fait des tonnes dans le registre de chien fou qui caractérise ses premiers rôles et Emilio Estevez montre avec ce film qu’il sait être crédible (et drôle) autrement qu’en jouant les ados tourmentés. Il faut également saluer le naturel des dialogues de Jim Kouf, même s’il semble évident que le naturel de certaines situations soit dû à l’improvisation.


John Badham décrit également avec beaucoup de sensibilité et de finesse la romance avec Maria, évitant les clichés habituels du genre. Non seulement Madeleine Stowe est belle à damner un saint, mais ses scènes avec Dreyfuss sont à la fois touchantes et crédibles, et sans sentimentalisme inutile. En fait, il y a plusieurs films en un dans Stakeout : une intrigue policière, une histoire d’amour et un film d’action. Le réalisateur assure son quota de poursuites automobiles ou de traques avec le brio qui le caractérise. Cette volonté de vouloir trop en faire est peut-être le seul point faible du film : les aspects policier et romantique se complétaient si bien qu’il n’était pas forcément obligatoire de rajouter de l’action par-dessus. Peu importe dans le fond, car Badham joue la carte de la générosité au profit du spectateur, et c’est ce qui importe. Tant pis si  du coup le film s’égare un peu, c’est le parti-pris de vouloir plaire à tout le monde et de vouloir en donner un peu à chacun, et il est plutôt bien tenu.


En plus de ces bonnes choses, Stakeout fleure bon les années 80. La musique d'Arthur B. Rubinstein, compositeur attitré du réalisateur, est particulièrement savoureuse avec ses synthés vintage et sa rythmique imperturbable. C'est très daté mais particulièrement goûteux, tout comme peuvent l'être les quiproquos (parfois un peu laborieux, c'est vrai) qui parsèment le film. Le public ne s'y est pas trompé et a reservé un très bon accueil au film, tellement bon que Badham a du remettre le couvert quelques années plus tard pour un Another Stakeout à la réputation plutôt calamiteuse. En attendant, l'original reste un modèle de comédie policière réussie, pleine de charme et d'humour. Savoureux.




Le DVD:
Le Strapontin ne va pas remettre des récompenses, loin de là! En fait, Stakeout fait partie de ces films ayant cartonné, mais dont la réputation n'est pas suffisamment béton pour garantir une édition spéciale... Ajoutez à cela le fait que le distributeur du film, Touchstone, est une sous-filiale du groupe Disney, qui semble ne pas vraiment s'intéresser à cette partie de son catalogue, et vous aurez ... une édition DVD basique. Juste le film, point barre. Pas de commentaire audio ni le bout d'une bande-annonce, c'est vraiment le minimum syndical. Encore, si le transfert était de bonne qualité, on ne dirait rien, mais l'éditeur n'a même pas assuré sur ce plan, avec une image terne et un son plat. Je serais tenté de vous dire de zapper, mais bon, le film reste ce qu'il est, et mérite d'être redécouvert, même sur une édition vidéo plus que moyenne.


Le Trombi:

Richard Dreyfuss
Emilio Estevez
Madeleine Stowe
Aidan Quinn
Earl Billings
Dan Lauria et Forest Whitaker
Jackson Davies

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